31 mai 2010

Robin des Bois : mais je croyais que Maximus était mort à la fin de Gladiator ?

On pourra dire tout ce qu'on veut sur le Moyen-Âge, mais ça reste une chouette période qui fait toujours vendre. Époque bénie où l'on pouvait débiter des personnes avec une lame sans craindre la maréchaussée et où le pillage (et les plaisirs qui vont avec), plus que toléré, était aussi encouragé.
C'est donc sur cette vague que notre ami "je fais des films historiques" Ridley Scott a décidé de surfer en réalisant "Robin des Bois", sous titré "De l'Autre Côté de l'Esclave qui défia l'Empereur".

Déjà, pour ceux qui attendaient de voir un Robin des Bois en collant vert (Quoi ? Vous ne connaissez pas Errol Flynn ??) qui tend des embuscades au perfide sheriff de Nottingham pendant que Marianne prépare la tambouille, vous allez être déçus. En effet, ce film est en réalité la préquelle, qui raconte comment Robin a mal tourné (si seulement il avait eu Super Nanny plus jeune...) et qu'il est devenu un hors-la-loi.

Je pourrais faire un très long article, mais honnêtement on peut résumer très rapidement : vous prenez Gladiator, vous dégagez les gladiateurs, les esclaves et les armures romaines et à la place vous collez des châteaux, de la maille et des gueux. C'est le même esprit et après tout, puisque le précédent a bien fonctionné, ça serait bête de ne pas reprendre la sauce. Des batailles, un héros humaniste (un peu trop pour la période), une histoire d'amour mais sans sexe parce que faut pas déconner des enfants regardent et un méchant très méchant.

Historiquement, c'est du même niveau que Gladiator (surpris ?). C'est relativement fidèle mais avec des digressions et des erreurs qui feront tiquer un historien avisé (tel que moi). Notamment deux choses :

- D'une, le héros humaniste. Non mais ho, un bouseux qui tire à l'arc, à l'époque il se taisait et il n'allait pas piocher des idées chez les philosophes antiques. Et il savait encore moins lire ou écrire (la scène de Jean sans Terre devant ses barons m'a rappelé un meeting du Parti Socialiste). C'est dans le même esprit que Maximus qui veut rétablir, selon le souhait de Marc-Aurèle, la République romaine d'antan.
- BORDEL POURQUOI LES FRANÇAIS SONT TOUJOURS LES MÉCHANTS ?! On nous colle comme prétexte une invasion de l'Angleterre par Philippe Auguste. Certes les français ont envahi une fois (héhé ça vous la coupe) l'Angleterre, quelques décennies plus tard, mais d'une façon différente. Mais là, le débarquement est un florilège qui ferait agoniser une seconde fois notre regretté Georges Duby. Des barges de débarquement tendance "6 juin 1944" jusqu'à la belle voile du navire de Philippe Auguste frappée d'une superbe fleur de lys dorée sur fond bleu (oui c'était bien les couleurs françaises de l'époque, non on ne les mettait pas sur des voiles vu le prix des teintures). Ah évidemment, les français perdent sinon ça ne serait pas drôle, avec une scène tragique ou comique selon le point de vue où on se place avec l'étendard royal qui coule au fond de la Manche. Belle façon de dire "lol lé mec vs avé perdus mé on va se vangé ds 200 ans mdr !".

Après il y a d'autres petites choses qui me font avaler de travers mon sandwich mayo-bacon (quelques armures, l'emploi de l'anglais moderne sur des gravures...), mais cela reste négligeable et ne nuit en rien au film.

Reste ensuite le jeu des acteurs (bah oui c'est quand même un film, et pas un documentaire soporifique d'ARTE à 4h30 du matin). Franchement j'ai connu Russell Crowe un peu plus motivé. Pourtant il a enchaîné séances de musculation et de tir à l'arc mais il aurait pu être plus convaincant. Galadriel Cate Blanchett en Marianne était plutôt bien trouvé, même si d'autres actrices auraient pu tenir le rang sans souffrir. Le grand méchant fait grand méchant, avec son visage de dur, son absence de pilosité capillaire et sa cicatrice.
On peut noter quand même que les personnages français sont joués par des français : Léa Seydoux pour Isabelle d'Angoulême et Jonathan Zaccaï pour Philippe Auguste. Leurs voix sont même en français dans la version originale, pour coller avec les vrais.

Conclusion : un Ridley Scott 100% pur jus avec sa dose d'action, une crédibilité historique relativement respectée mais avec des errements qui peuvent paraître lourds pour un médiéviste et son discours humaniste intéressant mais malheureusement anachronique.

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